Ce que cache vraiment le « golden hello » de Sanofi…

Sanofi golden hello

Les 4 millions d’euros accordés au futur patron de Sanofi avant même d’avoir commencé à travailler pour son futur employeur cache une question essentielle :

Comment se fait-il qu’un groupe industriel qui compte 110 000 personnes dans le monde et qui a dégagé  6,68 milliards d’euros de résultat net en 2013 , ait été incapable d’identifier en son sein les noms de trois ou quatre prétendants possibles pour la direction générale ?

Sanofi est-elle devenue une compagnie sans âme, privée de talents et employant à tout niveau des exécutants incapables de progresser et de développer des qualités de leaders? N’y avait-il personne, dans le premier, le deuxième voire le troisième cercle de dirigeants pour pouvoir prendre la suite ?

L’exemple de Thalès avec le choix à sa tête en 1998 de Denis Ranque, à 46 ans, issu à l’époque du 3ème cercle de l’entreprise, est-il voué à n’être qu’une éclatante exception ?

Le choix d’un mandataire social venant d’une société extérieure au groupe interroge fortement la capacité de Sanofi à  identifier les potentiels, les futurs leaders,  à les élever en son sein, à les faire croitre…

Certes l’épisode Le Fur a marqué l’échec du choix d’un successeur en interne en 2007, mais faut-il s’arrêter à un exemple dans une industrie où le succès nait de nombreuses expérimentations (trials and errors).

Le risque majeur qu’encourt Sanofi, c’est d’être entrée dans un cycle de dénaturation managériale où chaque nouveau leader, étant issu de l’extérieur, apporte des éléments étrangers au code culturel fondamental du groupe,  introduit, à des niveaux hiérarchiques élevés, des personnalités éloignées de la dynamique culturelle de l’entreprise et de sa capacité historique à se développer et à s’adapter.

L’avenir nous dira si Sanofi peut retrouver le souffle entrepreneurial de… Sanofi ou si elle s’achemine lentement mais sûrement vers une disparition programmée : le mécanisme en est bien connu, avec une financiarisation accrue, une mise en process systématique, un accent mis sur la compétitivité par les coûts, et in fine l’affaiblissement du ressort vital… Affaire à suivre.

Olivier Basso

 

Kill The Company: End the Status Quo, Start an Innovation Revolution!

5 Disruptive Questions For Instant Innovation to shake up the status quo.

Businessman and questions

1. If you could only work on one project for a year to transform the business, what would it be and why?

2. What is the shortest path to the customer? How could we get there in 6 months?

3. What can we offer for free that no one else does?

4. How can our services be turned into physical products? How can our products be turned into a service?

5. If we could hire five more people, what unconventional skills would they have and why?

From Lisa Bodell, Kill The Company: End the Status Quo, Start an Innovation Revolution, Bibliomotion, Incorporated, 2012

Olivier Basso

Quelle gouvernance pour les Grandes Entreprises ?

Les  grandes entreprises mondialisées sont devenues des acteurs politiques majeurs,  mais leur légitimité démocratique demeure incertaine.

Les firmes globales participent activement au façonnement de notre monde, tout en poursuivant l’intérêt de leurs actionnaires.

Leur puissance est désormais considérable et ces « royautés économiques » sont devenues des acteurs de la gouvernance mondiale, aux côtés des Etats. Elles participent pleinement  à la définition des règles du jeu et au traitement des grands problèmes planétaires (climat, santé, eau, commerce…).

Politique Gouvernance Grande Entreprise

Est-il possible de remédier à leur déficit de légitimité citoyenne et de les réinsérer ainsi dans une gouvernance mondiale plus démocratique ?

Comment mettre en oeuvre une gouvernance plus participative pour développer l’agilité organisationnelle, accroitre l’engagement des salariés et renforcer le projet entrepreneurial?

Pour avoir une réponse à ces questions, lisez mon dernier ouvrage,  Politique de la Très Grande Entreprise : leadership et démocratie planétaire ou le communiqué de presse des PUF !

Olivier Basso

La cogestion est-elle inscrite dans la Constitution française ?

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Alfred Grosser interviewé par Libération :

Pourquoi ce besoin de renouveler, en France, le dialogue social ?

Il ne faut pas renouveler le dialogue social, mais tout simplement le créer. Car ce qui fait la particularité de la France dans ce domaine, c’est le refus mutuel de la cogestion.

Pour la majorité des syndicats français, il n’est pas question de «cogérer le capitalisme». En face, les chefs d’entreprise ne veulent surtout pas cogérer avec les représentants syndicaux, les faire participer à la stratégie de l’entreprise.

Mais la cogestion ne va pas de soi avec la culture d’entreprise à la française…

Le préambule de la constitution de 1946 (IVe République), souvent évoquée par le Conseil constitutionnel, indiquait pourtant bien que «tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises». La cogestion est bien dans la Constitution française, mais dans les faits elle est aujourd’hui nulle, ou presque.

Il y a bien les comités d’entreprise, mais de quoi s’occupent-ils ?

Certainement pas de la gestion financière de l’entreprise…

Quel rôle faut-il donc donner aux comités d’entreprise?

Il faudrait leur donner la possibilité d’être véritablement associés à cette gestion. C’est-à-dire être mis au courant des finances de l’entreprise, de ses perspectives économiques, du plan de gestion pour l’avenir. Et pas seulement cantonner leur rôle à accepter, ou non, tel plan de licenciement pour que l’entreprise puisse repartir ou voir monter sa côte en bourse. Tout est question de responsabilisation.  »

Responsabiliser, co-créer… il est temps d’inventer de nouveaux dispositifs de gouvernance et accorder une place aux Comités d’entreprise !

Source: interview d’Alfred Grosser, parue dans Libération, le 27 janvier 2015

Olivier Basso

Les communautés d’innovation participative vont-elles détruire les Grandes Entreprises ?

Sac Karkoa techno

Le sac de sport, SmartBag 40, vient de sortir. Est-ce un géant de l’équipement sportif comme Nike ou Adidas qui l’a développé ? Est-il le dernier produit innovant d’une start-up bourrée de talents  qui démontre ainsi la puissance créatrice de ses brevets ?

Que nenni ! L’acteur est multiple : plus de 400 personnes ont participé à la conception de ce sac de sport et ont apporté chacune leur contribution à la création (compartiments, design, choix des couleurs … ).

C’est  la plateforme française d’innovation participative Nov’in qui a permis cette consolidation des talents, qui seront récompensés par une participation aux bénéfices.

Ces plate-formes (à l’image de Quirky…) – si elles parviennent à résoudre leur problème de gouvernance –  sont capables de puiser dans les ressources créatrices de chacun d’entre nous en rémunérant cet apport.

Mon intuition : les chaînes de valeur des secteurs traditionnels, déjà ébranlées par les nouveaux entrants (FinTechs, Airbnb, Uber…), vont devoir  encore évoluer :

Après le sac sportif, et d’autres objets grand public, à quand le tour des produits bancaires, des contrats d’assurance… conçus et co-créés par leurs propres utilisateurs et clients ?

Olivier Basso

Le big bang annoncé des business schools françaises

Comme l’annonce un prochain séminaire de la Société Française de Management, les business schools françaises sont à l’aube de grands bouleversements, qui risquent de surprendre le grand public.

turbulence

Plusieurs facteurs viennent percuter le modèle traditionnel des écoles, et notamment ses sources de financement. Il y a premièrement un étiolement du financement par les chambres de commerce : par un effet de domino, la réforme de la collecte de la taxe d’apprentissage, décidée fin 2012, a entrainé un assèchement des ressources à destination des écoles. Second flux de ressources en voie de fragilisation, les droits d’inscription collectés auprès des élèves : le climat de l’emploi est morose, l’attractivité des classes préparatoire est en baisse, avec la concurrence d’autres programmes de qualité (par exemple les IAE), moins chers, en France ou à l’étranger… Lire la suite de cet article d’Olivier Basso et Thomas Durand dans les Echos