Alfred Grosser interviewé par Libération :
Pourquoi ce besoin de renouveler, en France, le dialogue social ?
Il ne faut pas renouveler le dialogue social, mais tout simplement le créer. Car ce qui fait la particularité de la France dans ce domaine, c’est le refus mutuel de la cogestion.
Pour la majorité des syndicats français, il n’est pas question de «cogérer le capitalisme». En face, les chefs d’entreprise ne veulent surtout pas cogérer avec les représentants syndicaux, les faire participer à la stratégie de l’entreprise.
Mais la cogestion ne va pas de soi avec la culture d’entreprise à la française…
Le préambule de la constitution de 1946 (IVe République), souvent évoquée par le Conseil constitutionnel, indiquait pourtant bien que «tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises». La cogestion est bien dans la Constitution française, mais dans les faits elle est aujourd’hui nulle, ou presque.
Il y a bien les comités d’entreprise, mais de quoi s’occupent-ils ?
Certainement pas de la gestion financière de l’entreprise…
Quel rôle faut-il donc donner aux comités d’entreprise?
Il faudrait leur donner la possibilité d’être véritablement associés à cette gestion. C’est-à-dire être mis au courant des finances de l’entreprise, de ses perspectives économiques, du plan de gestion pour l’avenir. Et pas seulement cantonner leur rôle à accepter, ou non, tel plan de licenciement pour que l’entreprise puisse repartir ou voir monter sa côte en bourse. Tout est question de responsabilisation. »
Responsabiliser, co-créer… il est temps d’inventer de nouveaux dispositifs de gouvernance et accorder une place aux Comités d’entreprise !
Source: interview d’Alfred Grosser, parue dans Libération, le 27 janvier 2015
Olivier Basso